Episode 2 : D’inconnu à connu

Episode 2 : D’inconnu à connu

Enfin revenus de la forêt, Dred, assisté d’Heleyia, installa Lion dans un lit d’une petite auberge que Dred avait l’habitude de louer. Ensemble, ils soignèrent ses blessures. Alors que Dred était sur le point de terminer les soins de Lion, il aperçut un tatouage pour le moins étrange. Il se fit alors une remarque intérieure : « C’est étrange de voir ce genre de chose sur le continent central. »

Dred décida de laisser le bénéfice du doute à Lion et attendit qu’il lui fournisse des explications. Heleyia, quant à elle, n’était pas du tout d’accord. Elle avait déjà eu affaire à ce genre de personnes, disait-elle, avec un air très anxieux. Elle proposa même à Dred de se débarrasser de lui ou de l’attacher.

Alors que Dred essayait de calmer Heleyia, qui semblait en proie à une peur panique, Lion commença à émerger. Entendant le débat, il se demanda dans quel bourbier il s’était mis. Tentant de se relever, il se sentait comme écrasé par une tonne de poids, ayant énormément de mal à se mouvoir.

Alors que Lion réussissait tant bien que mal à se redresser, Heleyia et Dred discutaient à côté. Il tenta de les interpeller en essayant de leur dire quelque chose. Heleyia fut si surprise et stressée par ce qu’elle avait vu sur Lion, qu’elle prit le premier objet à sa portée et, avant même que Dred et Lion ne comprennent, elle donna un grand coup de canne sur la tête de Lion.

Celui-ci, n’ayant même pas eu le temps de réagir, retomba sur le côté, complètement sonné. Dred, abasourdi par ce qu’il considérait comme une réaction excessive de la part d’Heleyia, la regarda et lui dit d’un ton agacé : « Mais t’es malade ? Il essayait juste de nous parler ! » Puis, avec un ton plus autoritaire mêlé de nostalgie, il ajouta : « Et puis cette canne n’est pas un simple bâton avec lequel on frappe les gens, c’est un cadeau précieux que ma mère m’a légué, venant de mon grand-père. »

Heleyia, surprise par la réaction de Dred, se mit à s’excuser en fondant en larmes. Dred, se sentant coupable d’avoir haussé le ton sur elle, s’excusa à son tour en lui expliquant, d’une voix calme et rassurante, que non seulement Lion n’avait rien fait, mais que cette canne avait une grande valeur sentimentale pour lui, étant l’un des derniers liens avec sa famille, avec sa sœur.

Au même moment, Lion reprit ses esprits et, en tentant de se redresser, essaya de nouveau de s’expliquer. Heleyia, à nouveau surprise et à fleur de peau, reprit la canne de Dred et tenta de l’assommer à nouveau. Dred, légèrement plus tendu par la situation, réussit à arrêter la canne à quelques millimètre de la tête de Lion.

Une fois la canne récupérée, il fit de gros yeux à Heleyia, qui se remit à pleurer de plus belle, avec encore plus de vigueur. Lion, gêné par la situation, et malgré la tentative d’Heleyia de l’assommer, s’excusa également auprès d’elle, ce qui la fit étrangement arrêter de pleurer et éclater de rire. Dred regarda Lion, à la fois exaspéré par Heleyia et quelque peu amusé. Il dit alors : « Bonjour, peut-être allons-nous pouvoir discuter », avec un petit sourire en coin. Puis il ajouta : « Enchanté, moi c’est Dred et voici Heleyia. Désolé pour ce qui vient de se passer, mais bon… dis-moi, j’ai plusieurs questions, tu t’en doutes bien ! Qui es-tu ? Que s’est-il passé ? Bref, peux-tu me dire pourquoi tu étais poursuivi par ces hommes ? »

Lion, ne sachant pas à qui il avait affaire, répondit : « Moi, c’est Lion, Lion Kinbattle. C’est tout ce que vous devez savoir. »

Dred fronça les sourcils, surpris par la réaction de Lion. Il prit une inspiration pour prendre du recul et répondit : « Tu ne nous dois rien, c’est vrai, mais c’est la première fois que je vois autant de gardes de l’Empire d’Impérea traîner ici… Alors… Et puis la ville vient d’être mise en quarantaine, alors je me demande bien qui tu peux être et pourquoi tout ce remue-ménage dans cette petite ville d’ordinaire paisible. »

Au même moment, Heleyia arrêta de rire et généra une boule de feu. Son regard habituellement candide se durcit, laissant apparaître un visage diaboliquement en colère et prêt à attaquer. Sa voix changea elle aussi, et d’une voix presque meurtrière, elle dit : « Tu as quelque chose à cacher ? »

Lion était habitué à faire face au danger, mais le comportement asymétrique et imprévisible d’Heleyia le perturbait. Dred, qui connaissait bien Heleyia, en eut le sang glacé ; c’était la première fois qu’il la voyait dans cet état.

Malgré tout, Dred dit sur un ton humoristique mais tendu : « Ahah, Heleyia, calme-toi », tout en raclant discrètement sa gorge. Il ajouta, sur un ton plus sérieux : « Lion, tu es ici avec des gens de confiance, tu crois vraiment qu’on t’aurait sauvé pour te nuire ensuite ? »

Lion commença son laïus d’une voix presque désinvolte : « Heleyia, tu ne fais pas peur, tu sais que… » Mais il s’interrompit, réalisant qu’il allait en dire trop.

Heleyia répondit d’une voix meurtrière : « Peu importe ! Je l’ai vu sur ton bras… Ton tatouage. »

Lion, surpris, répondit d’un air faussement innocent : « Je ne vois pas de quoi tu parles ! »

Heleyia monta d’un cran et généra une deuxième boule de feu. Cette fois, même ses cornes commençaient à s’enflammer, et elle dit : « Ton tatouage de meurtrier. Ne fais pas l’innocent, je suis moins bête que j’en ai l’air. »

Dred, d’une voix presque gênée, intervint : « Heleyia, calme-toi, tu vas finir par mettre le feu partout » puis, avec une voix plus posée et pragmatique, il ajouta : « Et puis, je suis sûr que Lion a une explication rationnelle. »

Lion, à la fois impressionné et acculé, répondit avec une certaine abnégation : « Ça va, je vais tout vous raconter. Et non, je ne suis pas un meurtrier. Si les gens de l’Empire sont là, c’est pour moi, car je suis un déserteur ! » Il ajouta, d’une voix agacée, comme si elle cachait une profonde tristesse : « Et à Impérea, il n’y a qu’un moyen de quitter l’Empire : mourir. »

Heleyia commençait à se calmer. Dred dit : « Je comprends mieux. Tu peux nous en dire un peu plus sur pourquoi tu fuis l’Empire ? »

Lion, gêné et légèrement énervé, répondit : « Je ne veux pas en parler. Et je n’ai pas fui, j’ai quitté l’Empire. » Son expression gênée et légèrement énervée s’effaça, laissant place à une colère lisible sur son visage, et il ajouta : « Je n’ai pas de preuves, mais… ils vont me le payer. »

Heleyia changea à nouveau du tout au tout et afficha un sourire béant. Avec un sourire malsain, elle dit à Lion : « Je vois, donc on se comprend. » Puis elle éclata de rire à en pleurer et dit : « Ahah, dire que je te prenais pour un dangereux criminel, ahaha, tu sais que tu as une tache là… ahahah. »

Dred et Lion, surpris, regardèrent tous deux dans la direction qu’Heleyia montrait, quand tout à coup, Heleyia donna une petite pichenette sur le nez de Lion et dit : « Pistache. »

Dred explosa de rire et Lion, d’abord surpris, se mit à rire en disant : « Ahahh, j’avoue, tu m’as bien eu. »

Dred, Heleyia et Lion rirent gaiement tous les trois. Au bout de quelques secondes, Dred reprit ses esprits et demanda à Lion s’ils pouvaient apprendre à mieux se connaître, et s’il avait un plan pour sortir de ce bourbier.

Lion répondit qu’il était désolé, qu’il ne connaissait pas la zone, et avoua à demi-mots qu’il espérait pouvoir compter sur eux pour se sortir de cette galère.

Dred lui proposa de changer son accoutrement trop visible, de maquiller son tatouage, et d’aller dans la taverne à la limite de la ville pour boire un coup.

Lion lui demanda si ce n’était pas risqué.

Dred lui répondit que probablement un peu, mais que maintenant que Lion avait un peu récupéré, il n’allait pas rester enfermé ici pour toujours. Avant qu’ils ne fouillent toutes les habitations, il serait judicieux d’aller ailleurs. Il ajouta qu’avec les bons habits, bien qu’ils soient peut-être plus exposés, ils se fondraient mieux dans la masse et seraient moins susceptibles de se faire attraper. Dred ajouta : « De plus, j’ai une super amie qui prépare des cocktails comme personne. »

Lion accepta l’invitation et tous trois se préparèrent pour se rendre à la taverne de Horcogne.

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