Épisode 6 : L’héroïne du jour
Après une nuit à la belle étoile, tous les trois se réveillèrent la tête encore ensommeillée. Les yeux embués, Dred les regarda et dit : « On s’est bien amusés hier, mais une petite tasse de Théifé serait la bienvenue. »
Le soleil dévoilant lentement l’horizon, ils virent ensemble le paysage se révéler sous leurs yeux.
La surprise fut de taille lorsqu’ils s’aperçurent qu’ils étaient à moins de temps de marche d’Ancerien que ce qu’ils avaient imaginé.
Dred s’empressa de ramasser ses affaires, afin de motiver ses amis à rapidement aller trouver de quoi déjeuner.
Après avoir récupéré leurs affaires, ils se mirent en marche pour Ancerien, une ville composée d’un immense bâtiment sur une colline qui surplombait la ville. La ville se divisait en deux parties : celle au sud, qui s’apparentait à un petit bidonville, et celle du nord, où l’on vivait confortablement.
En arrivant aux portes de la ville, Dred ressentit une sensation étrange, un mélange de picotements et de papillons dans le ventre. C’était probablement la faim et son envie de Théifé.
Après quelques mètres dans la ville, Dred, Heleyia et Lion entendirent un cri. Accélérant le pas dans la direction de ce cri, ils entendirent : « Lâche-moi, je n’ai rien fait. » Puis, après un bref silence, ils entendirent à nouveau : « Arrête, tu me fais mal, ce n’est pas ce que tu crois. Je ne lui ai rien fait à ce gosse. »
C’est à ce moment que Dred et ses amis arrivèrent à une embouchure. Une femme, brune aux longs cheveux, pas très grande mais assez musclée, tenait à bout de bras, par le col, un homme.
Il y avait sur le côté un petit garçon recroquevillé, qui pleurait et semblait terrorisé.
Alors que Dred allait intervenir pour demander ce qu’il se passait, la femme dit : « Tu n’as vraiment rien fait ? Qu’as-tu essayé de faire à cet enfant ? » Elle éleva encore la voix et dit avec une telle rage : « Si je te revois près de cet enfant, je te tue. »
À ce moment-là, elle le lâcha. L’homme se mit à fuir comme si la mort le poursuivait. Tout en courant, on l’entendait s’écrier : « Pardon, pardon… »
La femme, malgré son air bourru, se retourna vers l’enfant, lui tendit la main et dit d’une voix douce et chaleureuse : « Ne t’inquiète pas, il ne te fera plus jamais de mal. Si tu le veux bien, je vais te ramener chez toi en sécurité. »
Les larmes aux yeux, le petit garçon prit la main de la femme et lui dit d’une petite voix timide à peine audible : « Oui, madame, merci. »
Elle se baissa pour le ramasser et le prendre dans ses bras pour le réconforter.
Elle se retourna pour sortir de l’impasse dans laquelle elle était, quand elle vit trois personnes au bout, les yeux rivés sur elle. Sans même prendre le temps de réfléchir, elle dit d’une voix criarde : « Ce n’est pas la peine, je vais ramener ce gosse à sa famille et personne ne pourra m’en empêcher ! » Tout en continuant à élever le ton, elle serra l’enfant dans ses bras et ajouta : « Et puis, vous êtes qui d’abord ? Qu’est-ce que vous nous voulez ? L’autre abruti l’avait bien mérité. »
Dred, Heleyia et Lion en restèrent bouche bée, une puissante aura émanait de cette femme.
Dred, après quelques longues secondes, répondit : « Bonjour, je m’appelle Dred. Avec mes amis, nous étions venus prendre un petit déjeuner quand nous avons entendu crier. Nous nous sommes précipités pour voir si quelqu’un avait besoin d’aide, mais nous avons été surpris de constater que ce n’était pas le cas. »
Heleyia, d’habitude distraite, se mit à sauter sur place tout en disant : « Ouahhh, tu es géniale ! Je suis fan de toi. Tu as soulevé ce type avec une telle facilité ! » Puis, en prenant une voix et un air mignons, elle ajouta : « Et en plus, tu as sauvé ce petit enfant. » Puis elle repartit dans son monde.
La femme rougit un peu aux compliments d’Heleyia et dit : « Merci, mais je n’ai rien fait, c’est normal. »
Dred demanda : « As-tu un nom ou un prénom ? »
La femme répondit : « Je m’appelle Ily, c’est tout. »
Dred répondit : « Enchanté, Ily. Voici Heleyia et Lion. Tu connais bien le coin ? Saurais-tu où nous pourrions déjeuner ? »
Ily répondit sur un ton sec : « Je ne fais pas le guide touristique, désolée, et j’ai un enfant à ramener chez lui. »
Dred se sentit obligé d’insister, mais lui fit une proposition légèrement différente : « Ily, si tu le veux bien, j’aimerais qu’on t’accompagne pour ramener cet enfant. Et si tu n’apprécies pas notre compagnie, nous te laisserons tranquille. Dans le cas contraire, tu nous amèneras dans le meilleur endroit où l’on peut aller se rassasier ? »
Ily, agacée, dit : « Au vu de ton ton, est-ce que j’ai le choix ? Je ne pense pas. Alors faisons comme ça. » Elle se mit à faire les gros yeux et la grosse voix : « Et pas d’entourloupe, sinon je vais vous faire passer l’envie de me suivre. Ce que j’ai fait à l’autre, c’est du pipi de chat à côté. »
Dred dit : « Ok, ça me va. »
Heleyia, pendant un moment de lucidité, dit : « Je l’aime bien, cette Ily. Il y a quelque chose chez elle qui me parle. Elle dégage un truc… » Et puis elle se remit à rire comme une folle, repartant dans son petit monde.
Ily demanda au petit garçon où était sa maison. D’une voix tremblante, il lui répondit.
Elle le regarda avec ses yeux bleus presque hypnotiques et lui dit d’une voix chaleureuse : « Ne t’inquiète pas, je sais où c’est. » Puis, reprenant une voix agacée, elle se retourna vers le groupe et dit : « Allez, on y va, ne me faites pas perdre mon temps. »